La découverte d'une nouvelle branche : les Godeau.

Publié le 12 Avril 2017

Lors de nos recherches généalogiques, nous consultons souvent les actes d'état civil, voire d'autres fonds archivistiques. Il est parfois, du moins au début d'une recherche, difficile de savoir sélectionner les informations à retenir. Faut-il noter l'ensemble de l'acte ? C'est tentant de l'imprimer, d'en vouloir une photocopie... Je fonctionne principalement avec la fiche individuelle. C'est la base en généalogie. La plupart des généalogistes possèdent une façon propre de tenir à jour leurs recherches. Je vais donc vous présenter comment je fonctionne concrètement, en prenant pour exemple une découverte qui remonte à l'an passé, étayée depuis.

Les vacances sont l'occasion de me plonger dans la généalogie. Surtout, je me fixe pour objectif de remonter des branches encore non explorées. C'est le cas des Godeau, famille maternelle de mon arrière grand-mère, Andrée Antoine (1915-2005). J'ai la chance d'avoir eu récemment accès à des photos jusque là inédites. Mon père m'en a confié beaucoup, ne s'intéressant lui-même plus trop à la généalogie. Elles concernent des ancêtres inconnus, même si certaines photographies évoquent (au dos) des noms familiers. Ainsi, comme une enquête, j'ai découvert cette branche, un peu oubliée.

Grâce aux actes numérisés sur le site des archives de l'Yonne, département d'origine des Godeau, j'ai pu remonter au XVIIIe siècle. Cela implique la création de nouvelles fiches individuelles, la compréhension d'un nouveau réseau familial, puisque apparaissent des frères et soeurs, des oncles et tantes, des cousins et cousines, etc. Pour recenser cette foule nouvelle de personnages, j'utilise principalement Geneanet. Les fiches sont faciles à remplir et très complètes. Par la suite, je télécharge le fichier gedcom afin de l'indexer sur Heredis. Comme ça, j'ai une sauvegarde en cas de problème.  

Je vais donc prendre l'exemple récent d'un ancêtre de mon arrière grand-mère, Andrée Antoine (1915-2005). Il s'agit d'Ambroise Godeau (1843-1901), pour lequel j'avais uniquement la mention "Godeau sncf", sur un arbre dressé par mon père. C'est sur ses traces que je pars, en commençant par mon ancêtre connu le plus ancien de cette branche. Bien sûr, il s'agit de recherches en cours, dont les résultats vont changer dans le temps.

Arbre d'ascendance d'Andrée Antoine (1915-2005) (Geneanet, 04.12.2016). En rouge, l'ancêtre au départ de ma recherche.

Arbre d'ascendance d'Andrée Antoine (1915-2005) (Geneanet, 04.12.2016). En rouge, l'ancêtre au départ de ma recherche.

Débuter une recherche n'est pas très compliqué. Je le fais branche par branche, en commençant par la branche paternelle. Je remonte le plus haut possible, prenant toutefois la peine de rentrer dans ma base les éventuels frères et soeurs. Lorsque je rencontre un problème ou que je ne remonte plus de manière rapide, je passe à la branche féminine la plus ancienne, et ainsi de suite. Lorsque ce travail de débroussaillage est réalisé, je reprends l'arbre obtenu pour me plonger dans des recherches plus précises. Affiner des dates, localiser un mariage ou une ville de naissance, etc.

Concernant les Godeau, j'arrive à la lisière du XVIIIe avec l'arrivée des actes paroissiaux. Or, dans l'Yonne, les gens semblent déménager souvent, ne s'attarde pas dans les mêmes villages plus d'une ou deux générations, rendant les recherches délicates. Je suis donc loin d'en avoir terminé avec cette branche sur laquelle j'ai commencé à travailler il y a moins d'un an. Mes connaissances étaient encore celles découvertes par mon père, soit en archives pour les personnages du XIXe siècle, soit en notant les éléments de la tradition familiale.

Au-delà d'Ambroise Godeau, mes informations sont encore lacunaires, mais je vais tenter ici d'en faire l'inventaire, afin d'essayer de montrer la façon dont je peux travailler, en sachant que mes moyens sont limités. Etant dans l'incapacité de pouvoir me déplacer dans les archives départementales concernées, je dois donc me contenter des numérisations.  

Arbre d'ascendance d'Ambroise Godeau (1843-1901) (Geneanet, 04.04.2017)

Arbre d'ascendance d'Ambroise Godeau (1843-1901) (Geneanet, 04.04.2017)

Le plus ancien Godeau connu est donc Jean Joseph, mon sosa 736. Je ne sais presque rien de lui, si ce n'est qu'il était serrurier et marié à Marie Anne Langrenois. Sur elle, j'ai découvert des éléments dans un arbre geneanet que je dois encore vérifier. Je tiens ici à rappeler une règle élémentaire. Lorsqu'une information n'a pas été vérifiée par vous dans les archives, il est nécessaire de citer sa source (ce que je ne faisais pas au début). Dès lors, cela permet de respecter la personne qui a réalisé le travail, mais aussi d'avertir les chercheurs sur geneanet que cette information est de seconde main. Trop souvent, les arbres ne citent pas leurs sources et il faut vérifier systématiquement. Bien sûr, même en cas de mention d'une source d'archive, ne serais-ce que pour récupérer l'acte, il est important de vérifier. 

C'est le cas ici avec Anne Langrenois. L'information trouvée, en l'occurrence son décès, provient des archives de l'Yonne. Elle semble fiable et des informations en ma possession étant mentionnées dans l'arbre en question, cela renforce ma conviction quant à la justesse de la date. Néanmoins, n'ayant pas encore vérifié, je cite l'arbre comme étant ma source.

Fiche geneanet de Marie Anne LANGRENOIS sur mon arbre (04.04.2017).

Fiche geneanet de Marie Anne LANGRENOIS sur mon arbre (04.04.2017).

Pour leur fils, Ambroise (1779-1814), sa date de naissance est issue du même arbre que pour Marie Anne Langrenois. En fait, en remontant, je m'étais retrouvé bloqué à cet ancêtre, dont j'avais l'acte de mariage, et donc une date de naissance approximative, ainsi qu'un lieu. Ayant dépassé la Révolution, je décide de regarder si je trouve des informations sur geneanet. Les recherches ne sont pas plus facile pour autant, seulement, cela peut éviter de longues minutes de fouilles dans les actes numérisés.

Ambroise serait né le 7 décembre 1779 à Saint-Fargeau, dans l'Yonne. Voici la chronologie de vie d'Ambroise en l'état actuel.

Chronologie de la vie d'Ambroise Godeau (1779-1814) (Geneanet, 04.04.2017)

Chronologie de la vie d'Ambroise Godeau (1779-1814) (Geneanet, 04.04.2017)

Le 7 messidor an XII (26 juin 1804), à Bléneau, il épouse Anne Billaud. En l'état actuel de mes recherches, je connais trois enfants à ce couple : Ambroise (né en 1809), Etienne (né en 1813), mon ancêtre, et Virginie Eloïse (née en 1814).

Mariage d'Ambroise Godeau et Anne Billaud à Bléneau en 1804 (première page) - AD89

Mariage d'Ambroise Godeau et Anne Billaud à Bléneau en 1804 (première page) - AD89

Comme il est courant de le constater en généalogie concernant l'époque moderne, c'est un mariage entre deux enfants de laboureur. La vie d'Ambroise, à l'image de celle de mon ancêtre Dominique Le Vacher (1747-1778), est courte. Ambroise meurt en 1814, à 34 ans, en laissant une veuve et trois enfants en bas âge. Cela renvoie à mon article sur la vieillesse et l'espérance de vie (voir ici), très basse dans les familles de laboureurs.

Décès d'Ambroise Godeau à Bléneau le 26 février 1814 - AD89

Décès d'Ambroise Godeau à Bléneau le 26 février 1814 - AD89

Etienne (1813-1865), mon ancêtre, fils d'Ambroise et Anne, est né environ une année auparavant.

Acte de naissance d'Etienne Godeau à Bléneau le 19 février 1813 - AD89

Acte de naissance d'Etienne Godeau à Bléneau le 19 février 1813 - AD89

Le niveau de vie n'a pas beaucoup évolué au sein de cette branche familiale. Etienne est domestique, puis journalier. En 1836, il est au service du cultivateur Jean Brun à Bléneau comme le montre le recensement de cette année. Les documents annexes, comme les recensements ou les fiches matricules, apportent des éléments qu'il ne faut pas négliger. 

Recensement de 1836 - AD89

Recensement de 1836 - AD89

Le 21 juin 1836, Etienne épouse Angélique Chabin, née en 1805 à Saint-Fargeau. Ses parents sont tout deux morts en décembre 1808, à l'hôpital, ainsi que leur fils Jean (13 ans) et leur fille Madeleine (10 ans). Les raisons de ces décès me sont inconnus, mais il s'agit d'un drame familial qui a épargné Angélique. Maladie ? Accident domestique ?

Pour le couple Etienne et Angélique, j'ai connaissance en l'état actuel de mes recherches, de deux enfants : Ambroise (né en 1843), mon ancêtre, dont il est question au début de cet article et Victor (né en 1845). En 1851, la famille est recensée. Elle habite rue de l'hôpital et ne déclare qu'un enfant, un Alexandre âgé de 8 ans. Or, ils n'ont pas d'enfants de ce prénom, mais l'âge correspond à celui d'Ambroise, qui était peut-être appelé Alexandre au sein de la famille. Cela expliquerait pourquoi il va prénommer son propre fils Alexandre. En revanche, aucune mention de Victor, dont je n'ai pourtant pas trouvé la trace dans les actes de décès. Mystère. Peut-être était-il absent, tout simplement ?

Recensement de 1851 - AD89

Recensement de 1851 - AD89

Etienne décède le 10 juillet 1865, à Bléneau. Il avait 52 ans. Il ne connaitra donc pas son petit-fis, Alexandre Godeau, qui naîtra le 9 janvier 1866 à Bléneau. D'ailleurs, la famille s'installe dans cette ville pour plusieurs générations. Toujours est-il qu'il est possible de dresser la chronologie de la vie d'Etienne. 

Chronologie de la vie d'Etienne Godeau (1813-1865).

Chronologie de la vie d'Etienne Godeau (1813-1865).

Le fils d'Etienne et d'Angélique, Ambroise Godeau, est né le 4 avril 1843 à Bléneau. Par la suite, plus de mention d'un Ambroise, mais d'un Alexandre. C'est le prénom que ses parents déclarent en 1851, mais aussi que lui-même déclare lors du recensement de 1872. Dès lors, il faut se référer à d'autres indices pour être certain qu'il s'agit de la même personne. Là-encore, il y a une difficulté. A Bléneau, le 17 juillet 1865, Ambroise épouse Louise Clémentine Peiffers, fille de Philippe William (décédé) et de Virginie Poupet. Or, en 1872, la femme d'Alexandre Godeau est nommée Rosalie. En fait, dans le recensement de 1851, Philippe Peiffers et Virginie Poupet déclarent une Rosalie (8 ans). L'âge concordent avec la date de naissance de Louise Clémentine le 27 septembre 1843. La pratique de donner dans la famille un prénom différent de celui déclaré à la naissance n'est pas surprenante. Seulement cela complique les recherches et explique la difficulté à retrouver l'acte de naissance d'une personne connue sous un autre prénom.     

Acte de naissance d'Ambroise "Alexandre" Godeau le 4 avril 1843 à Bléneau - AD89

Acte de naissance d'Ambroise "Alexandre" Godeau le 4 avril 1843 à Bléneau - AD89

Acte de naissance de Louise Clémentine "Rosalie" Peiffers le 27 septembre 1843 à Bléneau - AD89

Acte de naissance de Louise Clémentine "Rosalie" Peiffers le 27 septembre 1843 à Bléneau - AD89

Des recherches, même uniquement avec les documents numérisés, apportent déjà des éléments très intéressants, comme les professions ou les adresses de nos ancêtres à un moment t. C'est le cas pour Ambroise. En 1872, lors du recensement, il habite dans un immeuble (au vu du nombre des familles dans les lieux) au n°1 rue des Remparts à Bléneau avec sa femme, Rosalie, et leurs deux fils : Alexandre (6 ans) et Jules (2 ans). Des enfants dont j'avais déjà la trace dans les recherches effectuées par mon père. S'ajoute un Gaston Jusseau (2 ans) déclaré en nourrice. Peut-être était-ce le travail de Rosalie ? Ces nourrices n'étaient pas rares. Leurs voisins, la famille de Prosper Béchéreau, un sabotier, déclarent aussi avoir la garde d'un enfant. Surtout, la profession d'Ambroise est alors celle de facteur de ville.  

Recensement de 1872 - AD89

Recensement de 1872 - AD89

Bléneau était un gros bourg de 2010 habitants, avec une proportion plus élevées de femmes, ainsi que 10 étrangers.

Population de Bléneau en 1872 - AD89

Population de Bléneau en 1872 - AD89

Nous voilà rendu au point de départ de ce long article. Mon père avait indiqué qu'un Godeau travaillait à la Sncf. Il ne connaissait ni son prénom, ni véritablement sa profession. Je crois donc avoir fait un pas conséquent dans la découverte de cette branche. Dans les photographies confiées par mon père, j'en ai trouvé une de mon ancêtre, sur laquelle il était habillé en employé des postes. Pour qu'il pose ainsi, en uniforme, cela signifie une certaine fierté. De fait, par rapport à son père qui était journalier à sa mort, c'est une élévation sociale intéressante. 

Photographie d'Ambroise Godeau (date et lieu inconnus) (archives privées Levacher)

Photographie d'Ambroise Godeau (date et lieu inconnus) (archives privées Levacher)

Lors de la naissance de sa petite-fille, mon arrière-arrière grand-mère, Henriette Germaine Godeau, le 12 décembre 1891 à Paris, Ambroise est déclaré comme étant commis ambulant aux Postes. C'est là qu'intervient la Sncf. Le commis ambulant avait la charge d'une cargaison de lettres qu'il triait en route et devait amener à bon port (ou bonne gare pour être précis). Bref, une responsabilité supplémentaire, mais un travail peu rémunéré et peu reconnu. En 1909, ils se mettront en grève. Une une du Petit Journal me donne l'occasion de vous montrer l'intérieur d'un wagon postal en usage depuis 1906. Ils étaient très différent de ceux que mon ancêtre a connu quinze ans plus tôt.   

Le Petit Journal du 28 mars 1909 (Gallica)

Le Petit Journal du 28 mars 1909 (Gallica)

Ernest Laut, signataire de l'article du Petit Journal, écrit : « Auparavant, les wagons-poste étaient étroits, incommodes, mal aérés, pitoyablement éclairés de quinquets fumeux. » Bref, des conditions de travail difficiles. Ceux que mon ancêtre a dû connaître ressemblait davantage à cette image trouvée sur le site du Musée de la Poste.

Wagon postal de type 1893 faisant 6m10, très petit par rapport à ceux de 1906 qui dépassent 14m. (Source : L'adresse musée de la Poste)

Wagon postal de type 1893 faisant 6m10, très petit par rapport à ceux de 1906 qui dépassent 14m. (Source : L'adresse musée de la Poste)

A sa mort, le 4 septembre 1901, à Bléneau, Ambroise est sans profession, sans doute parce qu'il a pu prendre une forme de retraite en mettant de l'argent de côté. Ses fils aînés, Alexandre et Jules, sont les témoins signalés sur l'acte de décès. Cela peut démontrer une certaine proximité entre le père et les fils, donnant l'image d'une famille soudée. C'est le moment aussi de récapituler la chronologie de la vie d'Ambroise.

 

Chronologie de la vie d'Ambroise Godeau (1843-1901).

Chronologie de la vie d'Ambroise Godeau (1843-1901).

En conclusion, j'espère simplement que vous avez appréciez cette recherche en train de se faire. C'est une ébauche, pour laquelle j'ai utilisé les documents disponibles sur Internet, sans non plus les employer tous. J'ai fais le choix de ne pas surcharger avec des cartes, par exemple, utiles pour situer le village d'un ancêtre ou une migration. Ici, ils passent de Saint-Fargeau à Bléneau, villes proches, puis à Paris. Ma grand-mère est née à Bléneau et il subsiste dans cette ville la dernière maison occupée par la famille. Voici la photo prise par mon frère ou mon père lors d'une virée à vélo qu'ils ont faite.  

Maison de la famille Godeau à Bléneau. Elle n'appartient plus à ma famille aujourd'hui (archives privées Levacher)

Maison de la famille Godeau à Bléneau. Elle n'appartient plus à ma famille aujourd'hui (archives privées Levacher)

L'histoire de cette famille, par ma grand-mère, qui est née à Bléneau, est à la fois récente et lointaine. J'ai essayé de montrer le débroussaillage préliminaire. Les recherches présentées ici sont inabouties, mais c'est sur ces bases que je vais compléter, par la suite, les fiches individuelles.

Je peux déjà me fixer des priorités pour cette branche : 1) trouver les actes des mes ancêtres les plus anciens ; 2) retrouver l'ensemble des enfants de chaque couple ; 3) compléter avec les recensements (travail long et pénible) et les fiches matricules (lorsqu'elles sont accessibles). Uniquement avec les documents numérisés, les informations accessibles sont déjà d'un grand intérêt. Il y a des mystères, comme la disparition de presque toute la famille Chabin en 1808.

Et vous, comment procédez-vous au début d'une recherche ? Les premières recherches soulèvent-elles plus de questions qu'elles n'apportent de réponses ?  

Rédigé par Simon Levacher

Publié dans #méthodologie, #côté paternel

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